L'œuvre de Georges Perec, une des figures de proue de l'ouvroir de littérature potentielle (l'OULIPO) révèle le talent d'un écrivain qui se voit en homme de la ville et qui le restera jusqu'au bout. Le cas d'Espèces d'espaces, sorte d'essai publié en 1974 est, à ce titre, fort révélateur puisque l'écrivain y retrace le fruit de son parcours de la ville de Paris dans toutes ses composantes en s'attardant, tout particulièrement sur ce qui relève de l'infra-ordinaire. Mettant en valeur le concept de quotidienneté, Perec étudie le paysage urbain et ses composantes dans leur rapport avec l'espace de l'écriture littéraire. Il dessine les contours de son projet d'écriture au moyen des descriptions qu'il fait de la ville et de ses habitants dans l'objectif de reconstituer un passé marqué par la disparition et la perte de ses proches. Dans sa quête d'une identité perdue, Perec éprouve toujours le besoin de travailler au sein d'un système, aussi contraignant puisse-t-il être. Documentaliste en neurophysiologie au CNRS pendant seize ans, l'écrivain parsème son texte de mots et expressions relevant de disciplines diverses pour affirmer le pouvoir de la littérature d'intégrer le savoir humain dans toute son ampleur au sein des textes littéraires. L'écrivain met finalement l'accent sur la forte présence de l'écrit dans notre vie de tous les jours révélant ainsi certaines sources d'une écriture qui sort de l'ordinaire.