Annie Ernaux trace tout au long de son roman La Honte un parcours détaillé de son enfance, marqué par une introspection profonde et une écriture empreinte de pudeur et de dignité. L'écrivaine revient sur un moment clé de sa vie, l'été 1952, où un événement familial bouleversant a marqué un tournant décisif dans sa perception d'elle-même et de son entourage. À partir de cette période, elle commence à éprouver un sentiment de honte envers ses parents, leurs métiers modestes et son milieu social, réalisant peu à peu le décalage entre son univers familial et les normes dominantes de la société. Dans notre étude, nous adoptons une approche critique multidisciplinaire afin d'explorer une nouvelle facette de l'écriture autobiographique ernausienne. Notre analyse met en lumière la manière dont Ernaux articule son rapport à l'espace et à la classe sociale à travers une lecture géographique et sociologique. Nous examinons également la dimension ethnologique de son récit, en lien avec les structures culturelles et les rites sociaux de l'époque. Par ailleurs, une réflexion dogmatique et religieuse éclaire les valeurs et les croyances qui nourrissent son écriture. Enfin, une lecture morale et psychologique permet de mieux comprendre les mécanismes de la honte et leur impact sur la construction de son identité littéraire.