Le « franco-arabe » est un phénomène linguistique dont l'existence est flagrante dans l'environnement linguistique égyptien. L'expression « environnement linguistique » renvoie à l'ensemble des langues et des dialectes utilisés dans un lieu spécifique. D'une forme d'écriture numérique, à ses débuts, inventée afin de surmonter des défis technologiques à une langue de jeunes internautes avec la propagation des réseaux sociaux et des programmes de « tchats » instantanés, le « franco-arabe » a gagné du terrain jusqu'à franchir les frontières du monde virtuel pour s'affirmer, hors ligne, dans d'autres formes d'expressions visuelles et scripturales de la vie en Égypte comme les affiches publicitaires, les panneaux routiers, les pancartes de rue et les textes littéraires. Dans cet article, nous traiterons de l'histoire de la transcription « franco-arabe » à la lumière des théories de Louis-Jean CALVET sur la politique et la planification linguistiques, ainsi que la théorie de la diglossie de Charles FERGUSON, les écrits de Madiha DOSS sur les niveaux de langue arabe et les écrits dialectaux en Égypte, et également les idées de Marie-Anne PAVEAU sur le discours numérique. L'objectif de cet article est de mettre l'accent sur le poids de la transcription hybride, le « franco-arabe », hors ligne, dans l'environnement linguistique égyptien à travers de différents exemples illustratifs de plusieurs domaines de la vie quotidienne et de déceler les raisons pour lesquelles le « franco-arabe » s'est propagé hors du monde virtuel.