Harry Alis est le pseudonyme de Jules-Hippolyte Percher (1857- 1895), journaliste et fondateur du Comité de l'Afrique Française (1890) qui a pour fin de soutenir l'expansion coloniale française en Afrique. Il effectue deux voyages en Egypte à la fin du XIXème siècle qui sont à l'origine de son action déterminante pour la défense des intérêts français et le combat de l'influence anglaise en Afrique. Ses notes sur l'Egypte ont été publiées dans un ouvrage intitulé Promenade en Egypte[1] (1895). Dans son récit viatique relatant sa visite du pays des Pharaons, Alis consacre cinq chapitres à la question politique égyptienne. En effet, l'auteur fait des entretiens avec un gentleman anglais, un homme politique autrichien, un diplomate français et un jeune égyptien. A travers ces différentes interviews, le lecteur découvre la véritable situation politique en Egypte à la fin du XIXème siècle ainsi que la rivalité franco-anglaise pour le contrôle de la Méditerranée. Les paroles du jeune intellectuel égyptien sont particulièrement intéressantes dans la mesure où d'une part, elles reflètent le regard des Egyptiens vis-à-vis de la concurrence des grandes puissances coloniales. D'autre part, elles révèlent – de manière indirecte - le point de vue de l'auteur qui adopte une attitude critique à l'égard de la tutelle britannique en Egypte.
Notre propos ici vise à nous pencher sur les témoignages des intellectuels de différentes nationalités interviewés par l'auteur c'est-à-dire, les points de vues d'un Anglais, d'un Français, d'un Autrichien et d'un Egyptien sur la situation politique en Egypte. Nous tenterons également de souligner l'intérêt de la question de l'Egypte pour la France selon Alis et les objectifs poursuivis par cette dernière afin de s'assurer une large part de colonies en Afrique.
[1] Harry ALIS, Promenade en Egypte, Paris, Hachette, 1895.