Cette étude vise à faire valoir l'écriture minimaliste et son vaste horizon fictif dans le roman d'Hubert Mingarelli La Terre invisible (2019) qui, à travers les déplacements d'un photographe militaire avec son chauffeur, brosse l'Allemagne fauchée par la Seconde Guerre mondiale. Nous avons tenté, dans des analyses narratologiques, de définir l'écriture minimaliste par rapport au concept de l'écriture blanche, de présenter les divers aspects du minimalisme romanesque au sein du cadre narratif et d'en exposer les traits essentiels selon la vision de Fieke Schoots (1994, 1997) tout en braquant la lumière sur le processus du rayonnement de l'imagination selon Ernest Miller Hemingway (1923). Nous avons trouvé que l'écriture minimaliste est une manipulation narrative qui exige un grand talent. Elle est concentrée, limitée et stricte, et se caractérise par l'intérêt qu'elle apporte toujours à l'essence de la narration. De plus, elle se différencie, par son potentiel fictionnel, de l'écriture blanche qui est pauvre tant en ressources qu'en épaisseur. Aussi avons-nous vu que Mingarelli a développé son récit, comme Schoots, selon trois aspects essentiels : la forme, le style et le contenu narratif. La forme de son roman est morcelée alors que son style est concis mais vigoureux. Quant au cadre narratif, les passages descriptifs et dialogiques ainsi que les repères spatio-temporels sont dépourvus de détails et le romancier ne s'intéresse non plus à renforcer la psychologie de ses personnages. Enfin, tout en étant neutre, l'écriture minimaliste attise la curiosité du lecteur, et c'est selon la théorie de l'iceberg de Hemingway que ce type d'écriture se voit doté d'un caractère esthétique dont naît une imagination étonnante.