Le roman qui a pour sujet la « radicalisation express » connaît un traitement différent avec le témoignage qu'en fait la journaliste écrivain Anna Erelle (pseudonyme) dans son best-seller international DANS LA PEAU D'UNE DJIHADISTE. Au cœur des filières de recrutement de l'Etat islamique (2015). L'auteure, à la fois personnage-narratrice de son enquête atypique menée sur Daesh, se contraint à un dédoublement de personnalité pour piéger un rabatteur terroriste. Avec ce dédoublement, le roman remet en jeu la figure du double, qui continue d'être l'un des thèmes les plus privilégiés de la littérature jusqu'aujourd'hui. Notre travail consiste à nous interroger d'une part sur les stratégies et les mécanismes du piège élaborés par les deux trompeurs du roman, à savoir la journaliste et le rabatteur, selon la théorie des ruses et des pièges de Claude Bremond ; et d'autre part sur une problématique du double littéraire et les tensions qu'il suscite entre l'original et sa copie selon la théorie de Nathalie Martinière entre autres. Deux axes d'étude s'enchevêtreront ainsi dans l'étude critique de l'œuvre qui n'a pas fait l'objet d'une étude précédente sous cet angle d'approche d'où l'originalité de ce travail. Cette étude ambitionne de montrer que le personnage qui exerce volontairement un exercice quotidien de dédoublement, quelles qu'en soient ses raisons, ne peut échapper malgré ses dénis à se diviser réellement en deux et à subir les conséquences néfastes d'un tel piège diabolique. On comprend également de l'expérience réellement vécue de l'écrivain que si l'on veut réussir à piéger un terroriste, il faut payer très cher au prix de sa propre dissection ou de sa perte d'identité. Le personnage dédoublé encourt le risque de se soumettre à l'emprise de la copie, de devenir une ombre voire un « personnage incognito ». Nous espérons que par ces réponses que nous apportons entre autres, nous mènerons à plus de recherches sur ce type de dédoublement de personnalité et à découvrir d'autres manières de traiter le thème en littérature.