Le roman de « politique fiction » ou le "roman d'anticipation politique", pourrait être considéré comme un sous-genre romanesque à part entière dans le paysage littéraire sur les deux rives de la Méditerranée. Il dérive à la fois de l'utopie mais relavant le plus souvent de la "contre-utopie" (la dystopie). Le récit d'anticipation politique revêt un caractère prophétique et décrit notamment des sociétés totalitaires futures, de nouvelles façons de vivre auxquelles le présent conduirait inévitablement, ce qui implique une critique politique de l'époque contemporaine. Influencée par l'utopie, cette écriture est très en vogue ces dernières années rencontrant un succès commercial et littéraire fracassant en France. Ce genre de fiction d'anticipation (dans l'acception dystopique du terme) demeure, selon certains critiques, étranger à la tradition littéraire arabe. L'avènement tardif de ce type de roman dans le monde arabe résulte de plusieurs difficultés relatives aux différentes conditions de production de fictions d'anticipation politique. Celles-ci ont retardé la réception de ces écrits dans des contextes étouffants et dominés, pour la plupart, par des régimes totalitaires. Ce genre permet, par le biais de l'imagination, d'envisager le futur proche du monde actuel tout en faisant procès du présent. Il s'appelle autrement « le récit de fiction dystopique ». Il cherche à dépeindre un avenir très sombre et sans espoir. Deux romans récents, publiés respectivement en 2015 et 2016, appartenant à cette lignée d'écrits d'anticipation, ont suscité une vive polémique lors de leur parution respective en France et en Algérie.