La littérature égyptienne francophone, qui avait de multiples voix assez remarquables et un déferlement littéraire de grande qualité surtout dans les années quarante et cinquante du siècle dernier, existe-t-elle sur la carte littéraire arabe ou jouit-elle d'une légitimité ou d'une reconnaissance nationale? Doublement marginalisée, cette littérature n'est classée par aucun critique ni dans l'histoire de la littérature française, ni dans l'histoire littéraire arabe. De nombreux critiques littéraires arabes, qui voient que le critère linguistique pourrait suffire à déterminer l'identification de cette littérature, vont même jusqu'à la culpabiliser, malgré son attachement à la réalité égyptienne. Le double déni de ces écrits, d'une variété et richesse assez remarquables, nous a motivés à nous appuyer sur des études très précises aussi bien dans le domaine littéraire qu'historique. Ce qui nous a amené à conclure que ce critère linguistique seul est inconsistant tout en faisant prévaloir d'autres critères d'identification, à savoir celui de la littérarité. On propose une approche orientaliste permettant de constituer une nouvelle histoire littéraire arabe et offrant l'écho des traces socio-historiques afin de fonder des interprétations plutôt internes des œuvres basées essentiellement sur les dimensions techniques et esthétiques. Cette production se fera-t-elle enfin sa place au sein du champ littéraire arabe?