L'écriture romanesque de Madeleine Monette, nouvelle voix de la littérature québécoise, introduit la pluralité des voix narratives. Chacune d'entre elles s'affirme dans son texte en prenant la posture d'une autorité narrative incontestable. Dans ses romans, nous sommes devant une concurrence de perspectives individuelles. Le sujet narrateur fait des transferts sur les autres sujets narrateurs. Indépendant de sa conscience fictive, chaque personnage commence à percevoir l'autre comme un non-moi, ou comme un être qui a sa propre sphère réelle et peut créer sa propre sphère fictive. Si parfois l'angle de vision se fixe sur un seul objet, une seule personne, un seul lieu ou un seul moment, le plus souvent les images s'enchaînent dans le mouvement et la pluralité.
Rappelons que Madeleine Monette est l'auteure de plusieurs romans, son Double Suspect a obtenu le Prix Robert-Cliche en 1980. Parmi ses oeuvres, citons également Petites violences (1982), Amandes et melon (1991) sélectionné pour le prix de l'Académie des Lettres Québécoises, La Femme furieuse (1997), son quatrième roman a été retenu en sélection finale pour le Grand Prix des lectrices de "Elle" Québec, le Prix Ringuet de l'Académie des lettres du Québec, le Prix France-Québec Philippe-Rossillon en France et le Prix Marguerite Yourcenar aux États-Unis.
Les romans de Madeleine Monette jettent un regard introspectif sur l'individu. Tout particulièrement son long roman sur la famille, Amandes et melon psychologiquement touffu, bien que d'une écriture apparemment simple, il présente une fresque humaine avec les procès familiaux, procès doux et amer, pleins de sympathie, mais aussi d'angoisse et de cruauté. Dans cette famille en question, tout est relatif et paraissant simple et clair de l'extérieur, mais en réalité tout demeure extrêmement complexe. Au lieu de « Famille, je vous hais ! » de Gide, pour Monette, la devise serait « famille, je vous fuis, pour pouvoir exister », donc « j'existe parce que je fuis ». Marie Paule, personnage central, présente / absente, fuit ses racines familiales, peut être, parce qu'elle veut protéger l'intégrité de son moi. .