Dans Nouvelles en 3 lignes, recueil posthume regroupant les fait-divers déjà parus anonymement de mai à novembre 1906 dans le quotidien Le Matin, Félix Fénéon ne rapporte pas fidèlement les dépêches qui proviennent des correspondants mais leur confère une teneur subjective. Par conséquent, chaque « fragment » se donne à lire concurremment de deux manières: une « brève journalistique » au sens strict du terme et une « histoire » régie par une genèse fonctionnelle et actancielle. Pour mieux mettre en évidence cette structure affabulatoire du fait-divers fénéonien, nous proposons une « lecture distributionnelle» suivie d'une autre « narrationnelle » abordant respectivement la morphologie du récit puis les modes de sa production aussi bien que ceux de sa réception d'autant plus que Fénéon, à la manière des fabulistes, dote ses fait-divers d'une dimension éthique et pragmatique ce qui les pourvoit d'un impact mnémonique ostentatoire dès leur apparition et jusqu'aux nos jours.