Les romans d'Alain Robbe-Grillet des années 1980 attirent, à cette époque, un grand public, surtout ceux à caractère autobiographique qui revêtaient un univers de fantasme et de transformation. Il est le premier à attribuer à ce type de roman le terme de "nouvelle autobiographie" sur le modѐle de "nouveau roman".
Nous tenons à faire une lecture analytique du dernier roman de Robbe-Grillet, Les derniers jours de Corinthe, et le troisiѐme de sa trilogie autobiographique Les Romanesques, pour mettre en relief la nouvelle tendance de l'écriture du souvenir propre à l'auteur qui remet en cause les modalités d'écriture traditionnelles et admet l'intrusion de quelques éléments récurrents du fantastique. Nous allons préciser les points sur lesquels repose cette nouvelle tendance autobiographique en comparaison avec l'autobiographie classique. Puis, nous allons souligner les procédés qui relѐvent du fantastique cérébral. Robbe-Grillet, qui envisage une écriture réaliste et psychologique, relate des épisodes ou des fragments bizarres de sa vie, dépourvus de sens, ce sont ses propres facultés qu'il met en question. De même, il double son récit "d'opérateurs", comme il les appelle, c'est-à-dire des personnages ou des récits qui doivent continuer la trame de son texte autobiographique. Nous allons mettre en évidence, au cours de notre étude, toutes les précisions spatio-temporelles qui sont elles-mêmes génératrices du fantastique. Il s'agit de montrer comment Robbe-Grillet excelle à faire d'une œuvre autobiographique, un roman de posture fantastique.